Théorie et expérience : une vidéo d’animation sur l’expérience de pensée "la chambre de Marie", par Franck Jackson

par Isabelle Smadja

Deux vidéos (l’une, de filosofix, très simplifiée, l’autre plus dense) sur l’expérience de pensée de Franck Jackson faite en 1982 (l’objectif de Jackson était de démontrer que certains de nos états mentaux, les qualia, c.a.d. les états mentaux associés à l’effet que cela fait de percevoir ou de ressentir, ne peuvent pas être expliqués par une conception exclusivement matérialiste de l’esprit.) => Mary a une connaissance théorique parfaite des couleurs mais n’a jamais vu le monde qu’en noir et blanc. Lorsque, pour la première fois, elle voit des couleurs, apprend-elle une nouvelle chose ? Y a-t-il dans la perception des couleurs une connaissance qui n’était pas appréhendée par son savoir ?
https://education.francetv.fr/matiere/langues/terminale/programme/filosofix
pour en savoir plus sur les qualia
http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_12/i_12_p/i_12_p_con/i_12_p_con.html
(source : Université Mc Gill à Montréal)
« Dans un article de 1974 intitulé « Quel effet cela fait d’être une chauve-souris ? » ("What is it Like to Be a Bat ?", en anglais), le philosophe Thomas Nagel, a voulu mettre en évidence les propriétés subjectives de l’expérience consciente humaine. Il choisit donc d’imaginer le point de vue subjectif d’un animal au spectre sensoriel très différent du nôtre : la chauve-souris. Cet animal s’oriente en effet dans l’espace par écholocation (elle émet des cris à très haute fréquence et utilise l’écho renvoyé par les obstacles ou les proies pour les localiser).
L’idée de Nagel était de montrer que comme les humains sont incapables d’écholocation, ils ne pourront jamais ressentir subjectivement « l’effet que cela fait » de s’orienter ainsi. Les chauves-souris ne perçoivent peut-être pas l’écholocation comme des sons, mais directement comme des objets perçus (un peu comme la vision ne nous fait pas percevoir des ondes électromagnétiques mais des objets lumineux), mais ça, nous ne le saurons jamais… Et c’est exactement ce que l’on veut dire par le côté subjectif de l’expérience consciente. Nagel en conclut que la science nous a appris beaucoup de choses sur le fonctionnement du cerveau de la chauve-souris, mais pas « ce que cela fait » d’être une chauve-souris… Cet aspect subjectif de « ce que cela fait » d’avoir tel ou tel état conscient, on le nomme aussi l’aspect phénoménologique de la conscience. On parle également de « qualia » pour désigner plus spécifiquement toutes les impressions directes que nous avons des choses. Les qualia sont l’aspect expérientiel immédiat des sensations, ce que l’on peut maladroitement traduire par « la rougeur particulière du rouge d’une pomme », le « mordant d’une morsure » ou la « froideur de la glace ». Certains étendent même le concept de qualia à nos désirs et nos pensées les plus élémentaires. »

Voir en ligne : lien vers la vidéo Mary avec ses sous-titres en français