Le sujet, l’identité : le bateau de Thésée, une vidéo d’animation qui pose la question "suis-je le même si tout change en moi ?"

par Isabelle Smadja

en lien avec cette vidéo :
Texte 1 : « Le vaisseau sur lequel Thésée s’était embarqué avec les autres jeunes gens, et qu’il ramena heureusement à Athènes, était une galère à trente rames, que les Athéniens conservèrent jusqu’au temps de Démétrios de Phalère. Ils en ôtaient les vieilles pièces, à mesure qu’elles se gâtaient, et les remplaçaient par des neuves qu’ils joignaient solidement aux anciennes. Aussi les philosophes, en se disputant sur ce genre de sophisme qu’ils appellent croissant, citent ce vaisseau comme un exemple de doute, et soutiennent les uns que c’était toujours le même, les autres que c’était un vaisseau différent. » Plutarque, Vie de Thésée

Texte 2  : « Considérons la différence – sur laquelle les sophistes d’Athènes avaient coutume de débattre – produite par les réparations incessantes effectuées sur le bateau de Thésée, réparation qui consistaient à enlever de vieilles planches et à en mettre de nouvelles. Si le bateau obtenu, une fois toutes les planches remplacées était numériquement le même bateau que celui du début, et si un homme avait gardé les vieilles planches à mesure qu’elles étaient enlevées et les avait ensuite assemblées dans le même ordre pour en faire un bateau, celui-ci, sans doute, aurait été lui aussi numériquement le même que celui du départ. De sorte qu’il y aurait eu deux bateaux numériquement le même, ce qui est absurde » Hobbes, De corpore

Texte 3 : « Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non ; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus. Et si on m’aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on, moi ? Non, car je peux perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? Et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées » Pascal, Pensées

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