Autrui, la conscience : un extrait de « Billy Elliot » (de Stephen Daldry, 2000) pour illustrer la dialectique entre affirmation de soi spinoziste et désir de reconnaissance.

par Elisabeth Leméteil

Illustration du conatus. Le 1er extrait montre comment le jeune Billy Elliot cherche, dans une confrontation avec son père, à s’émanciper d’un modèle qui ne lui convient pas (être un boxeur), pour s’affirmer dans son désir propre (devenir danseur). Mais il doit pour affirmer sa puissance et sa singularité, affronter la déception de son père et échouer à se faire reconnaître par lui.

Comme « tout ce que nous imaginons conduire à la tristesse, nous nous efforçons de l’écarter » (Spinoza, Ethique, IIIème partie, proposition 28), nous allons spontanément chercher la reconnaissance par nos proches donc une joie sous-jacente à des idées de conformation aux modèles induits : « je veux être reconnu comme un petit boxeur, brave viril et courageux, car c’est ce fils que mon père serait fier d’avoir ». Mais obtenir cette reconnaissance exige de se conformer à un modèle qui nous est proposé par des causes extérieures, et qui souvent ne nous convient pas. C’est nier notre singularité au profit de l’affirmation d’une force extérieure à la nôtre, c’est effectuer des actes, produire des effets dont nous ne sommes pas la véritable cause. C’est en ce sens être dans la passivité. S’affirmer à l’inverse, c’est exercer sa singularité, créer, inventer. C’est produire des effets dont nous sommes, sinon la seule cause, du moins la cause principale, des actes qui correspondent à notre nature. Cette affirmation de soi est donc puissance active. C’est le Conatus, effort et puissance d’affirmation de soi, de son être.

Voir en ligne : l’épreuve du regard. Dancing for dad