Autrui. Huis Clos, Sartre. Le Regard 3 "L’enfer, c’est les autres"

par Elisabeth Leméteil

Huis clos, extrait du film de Jacqueline Audry, 1954. Extrait n°3. (4’46)
Il s’agit des cinq dernières minutes du film. Chacun des personnages va prendre conscience du caractère infernal, autant qu’irréductible, du regard de l’autre. Je ne peux atteindre aucune vérité sur moi sans "passer par l’autre", c’est-à-dire que je ne peux rien être (lâche, courageux ou jaloux..) "sauf si les autres le reconnaissent comme tel". Mais l’autre "est une liberté posée en face de moi". Il est intéressant de chercher ce qui véritablement constitue "l’enfer" dans ce face à face des consciences.

Passage que l’on peut rapprocher de ce texte extrait de l’Existentialisme est un humanisme :
"Ainsi, l’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu’il ne peut rien être (au sens où on dit qu’on est spirituel ou qu’on est méchant, ou qu’on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, qui ne veut que pour ou contre moi. Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’intersubjectivité, et c’est dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont les autres."

J.P Sartre, L’existentialisme est un humanisme, 1946, éditions Gallimard, Folio Essais, pp 58-59

Voir en ligne : "L’enfer, c’est les autres"