Nellie Bly (1864-1922) : Première femme journaliste d’investigation


La vie de Nellie Bly, Elizabeth Cochran de son vrai nom, est passionnante. Admise comme reporter au « New York World », le journal de Pulitzer, elle a donné son nom à un prix qu’on décerne chaque année aux jeunes journalistes.
C’est elle que Lise à choisi pour le deuxième portrait de cette série.

Source : Wikipédia

Elizabeth Cochran nait le 5 mai 1864 à Cochran’s Mill, un village près de Pittsburgh, aux Etats-Unis. Elle est la quinzième d’une fratrie de frères et sœurs. A ses six ans, son père meurt et sa mère se retrouve sans argent avec cinq enfants. Pour aider sa mère, Elizabeth doit travailler. Le choix de métier pour une femme est très limité, ce qui met Elisabeth en colère.

A quinze ans, elle intègre donc une école d’institutrice. Mais au bout d’un semestre, elle ne peut plus payer ses frais de scolarité. Elle est renvoyée. Elle reste donc chez elle pour aider sa mère.

Débuts dans le journalisme

Un jour qu’elle parcourt le « Pittsburg Dispatch », le journal de sa communauté, elle lit un article intitulé « A quoi sont bonnes les filles ? ». L’article explique que les filles doivent rester chez elle pour s’occuper des enfants, sans quoi la société s’effondre. Le journal dit qu’une « fille qui travaille est une monstruosité ». Comme tous les articles sur le sujet, il la met hors d’elle. Elle écrit une lettre au patron du Dispatch. Le directeur est amusé par cette lettre et non seulement il la publie mais il invite aussi Elizabeth au journal et lui propose d’écrire pour lui. Elle accepte et choisit comme pseudonyme « Nellie Bly » en hommage à une chanson. Ce nouveau travail lui plaît beaucoup. Ses premiers articles parlent des travailleuses pauvres, du parcourt des femmes qui veulent divorcer et des conditions de travail des employées dans une usine de Pittsburg. Les lecteurs aiment beaucoup ses articles et elle continue d’écrire. Mais les grandes marques n’apprécient pas que l’on dise que les ouvriers de leurs usines sont maltraités. Ils menacent de retirer leurs publicités du Dispatch. Alors la rédaction propose à Nellie de reprendre la rubrique « femmes » et lui propose de faire des articles sur le jardinage, la couture, etc… Elle donne sa démission lors d’une lettre qu’elle tourne à sa manière. Cette fois le journal ne la publie pas. Comme elle a enfin gagné un peu d’argent, elle part en voyage au Mexique avec sa mère. Durant tout son voyage, elle tient un carnet de voyage qu’elle envoie tout de même au Dispatch. Mais au bout d’un moment, elle ne peut pas se retenir de parler de politique. Elle dénonce les décisions des gouvernants. Elle écrit qu’un journaliste a été emprisonné par le président mexicain. Au bout de six mois et de plusieurs menaces de mort, elle est raccompagnée à la frontière. Elle essaie quand même de réintégrer le Dispatch mais malgré son reportage sur le terrain, ils n’ont toujours rien d’autre à lui proposer que la rubrique « femmes ».

Entrée au journal « New York World »

Alors elle tente le tout pour le tout en essayant d’intégrer le « New York World », le journal de Joseph Pulitzer. Le directeur lui propose quelque chose : si elle réussit à faire un article choc sur un thème qu’elle ne choisit pas, il l’embauche. Il lui donne un sujet que tous les autres journalistes n’ont pas voulu : les asiles psychiatriques pour femmes. Elle réussit à se faire interner en faisant croire qu’elle est folle. Elle découvre un mode de vie des plus cruels qu’elle n’ait jamais vue. Les patientes sont insultées, battues, sous alimentées et torturées. Elle y passe dix jours et son reportage fait la une de tous les journaux. Elle a vingt-trois ans et elle rentre au World. Elle a enfin trouvé sa voix : le journalisme d’investigation. Les articles de Nellie sont reconnaissables à deux choses. Ce sont toujours des sujets militants (les lobbys, l’accès au soin pour les pauvres, les prisonniers maltraités, etc…) Mais surtout, elle a un angle d’attaque qu’aucun journaliste n’a jamais utilisé, elle se met du côté des détenues, des grévistes, des pauvres, etc… Tous ces articles sont appréciés par des personnes qui ne lisaient pas le journal avant.

Le tour du monde

Nellie a une idée folle. Elle veut faire le tour du monde. Au début le directeur du

journal est très réticent, surtout car Nellie veut faire le tour du monde seule et que ça, aucune femme ne l’a jamais fait. Mais elle réussie à le convaincre. Le 14 novembre 1889, elle quitte New York. Elle traverse tous les continents. En France, elle rencontre Jules Verne. Elle lui dit que c’est grâce à son livre qu’elle a voulu faire le tour du monde. Encore une fois elle tient un carnet de voyage qu’elle envoie au World. Tout le monde se rue sur le journal pour suivre son voyage. Partout, les gens font des paris sur sa réussite et le 25 janvier 1890, elle rentre à New York. Elle a fait le tour du monde seule en soixante-douze jours. Jules Verne la félicite dans la presse.

Fin de sa vie

Mais au même moment, son frère meurt. Elle prend en charge sa veuve et ses enfants. Elle se retrouve à court d’argent. Elle rencontre un riche industriel de quarante ans de plus qu’elle qui veut absolument l’épouser. Elle ne peut pas dire non. Ils se marient mais quelques années plus tard, il meurt. Elle se retrouve à la tête d’une usine des tonneaux métalliques. Elle fabrique un nouveau modèle de tonneau et le fait breveter. L’usine prospère considérablement.

Nellie offre des conditions de vie inimaginables pour l’époque à ses employés : une assurance-maladie, des bons salaires et même une bibliothèque. La première guerre mondiale éclate et elle convainc le World de l’envoyer sur le terrain. Elle part en Autriche et elle est la première femme correspondante de guerre. Pendant ces années sur le front, elle écrit aussi beaucoup sur les suffragettes et milite pour le droit de vote des femmes.
En 1920, elle rentre à New York et crée une rubrique permanente, toujours sur les sujets qui l’exaspère. Elle meurt d’une pneumonie deux ans plus tard, en 1922, âgée de cinquante-sept ans. Le lendemain, la presse lui rend hommage dans un article intitulé « La plus grande journaliste d’Amérique ».

Chaque année, le New York Press Club décerne le prix Nellie Bly aux jeunes journalistes les plus audacieux.

Lise, 12 ans, Ludres