La Chauve-souris et les deux Belettes
Une Chauve-souris donna tête baissée
Dans un nid de Belette ; et sitôt qu’elle y fut,
L’autre, envers les souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.
« Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire !
N’êtes-vous pas Souris ? Parlez sans fiction.
Oui, vous l’êtes, ou bien je ne suis pas Belette.
Pardonnez-moi, dit la pauvrette,
Ce n’est pas ma profession.
Moi Souris ! Des méchants vous ont dit ces (...)
L’enfant et le miroir
Un enfant élevé dans un pauvre village
Revient chez ses parents, et fut surpris d’y voir
Un miroir.
D’abord il aima son image ;
Et puis par un travers bien digne d’un enfant
Et même d’un être plus grand,
Il veut outrager ce qu’il aime
Lui fait une grimace, et le miroir la rend.
Alors son dépit est extrême :
Il lui montre un poing menaçant,
Il se voit menacé de même.
Notre marmot fâché s’en vient en frémissant,
Battre cette image insolente ; (...)
LE CORBEAU ET LE RENARD
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Eh ! Bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix (1) des hôtes de ces bois."
À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie,
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. (...)
La guêpe
« Moi, disait Claude à Jean, j’ai beaucoup de courage
Et je peux me vanter de n’avoir jamais peur,
Aussi, dès que j’en aurai l’âge,
Je voudrais devenir un grand explorateur.
Tout seul, je parcourrai de lointaines régions
Avec mes pistolets passés en bandoulière,
Et si dans la forêt je rencontre des lions,
Je les prendrai par la crinière
Et les tuerai à bout portant.
_ Je t’admire dit Jean, Tu feras des merveilles.
Moi, je n’ai pas ainsi le mépris du danger.
Et plus tard, je serai (...)
Le Laboureur et ses enfants
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’oût :
Creusez, fouillez, (...)
Saltimbanques
A Louis Dumur
Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises
Par les villages sans églises
Et les enfants s’en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe
Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours des cerceaux dorés
L’ours et le singe animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage
Guillaume Apollinaire 1880-1918
Poème publié (...)
Maria-Suzanna /1999
Auteur, compositeur, Interprète : Michèle BERNARD
Elle a débarqué dans la classe,
Un vrai courant d’air,
Drôle de dégaine et drôle de race
Un matin d’hiver,
Au beau milieu de la dictée
Sur le ciel et la voix lactée,
Elle s’est assise tout près de moi,
Derrière le p’tit bureau de bois
La maîtresse a dit elle
S’appelle Maria-Suzanna,
Elle sera là jusqu’à Noël
Puis elle s’en ira
Alors ça pouvait arriver
Au beau milieu de la dictée,
Une môme (...)
Les deux voyageurs
Le compère Thomas et son ami Lubin
Allaient à pied tous deux à la ville prochaine.
Thomas trouve sur son chemin
Une bourse de louis pleine ;
Il l’empoche aussitôt. Lubin, d’un air content,
Lui dit : « Pour nous la bonne aubaine !
- Non, répond Thomas froidement,
Pour nous n’est pas bien dit ; pour moi : c’est différent. »
Lubin ne souffle mot ; mais en quittant la plaine,
Ils trouvent des voleurs cachés au bois voisin.
Thomas tremblant, et non sans (...)
Papa n’a pas voulu
A l´école quand j´étais petit
J´étais constamment puni
Un beau jour je me suis dit :
Ça n´va plus ainsi
Il faut que ça finisse
J´épouse l´institutrice
Et quand on sera marié
Je serai toujours le premier
REFRAIN :
Papa n´a pas voulu
Et Maman non plus
Mon idée leur a déplu
Tant pis n´en parlons plus
Les enfants obéissants
Font tout c´que disent les parents
Papa n´a pas voulu
Et maman non plus
J´adorais les animaux
Les chats, les chiens, (...)
Je m’voyais déjà (Charles Aznavour)
A dix-huit ans j’ai quitté ma province
Bien décidé à empoigner la vie
Le cœur léger et le bagage mince
J’étais certain de conquérir Paris
Chez le tailleur le plus chic j’ai fait faire
Ce complet bleu qu’était du dernier cri
Les photos, les chansons et les orchestrations
Ont eu raison de mes économies
Je m’voyais déjà en haut de l’affiche
En dix fois plus gros que n’importe qui mon nom s’étalait
Je m’voyais déjà adulé et riche
Signant mes (...)
L’enseigne de cabaret
Devant un cabaret ces mots étaient écrits :
« Aujourd’hui vous paierez le pain, le vin, la viande ;
Demain vous mangerez gratis. »
Janot , que l’enseigne affriande ,
Dit : « Aujourd’hui je n’entre pas :
Il faudrait payer la dépense ;
Mais demain je vais faire un si fameux repas
Que le cabaretier s’en souviendra, je pense. »
Le lendemain, on voit entrer Janot
Qui va se mettre à table et s’écrie aussitôt :
« Servez vite, maître Grégoire !
Servez ! (...)
Le sort de Circé (Juliette)
Du temps que j´étais belle et bien un peu puérile
Je transformais les hommes en animaux
Ô combien de marins,
Ô combien d´imbéciles,
J´ai changés en pourceaux,
J´avais de la malice
Jetant mes maléfices
Aux compagnons d´Ulysse,
Mon nom vous parle encore de légendes anciennes
On m´appelle Circé et je suis magicienne
Refrain :
Mutatis mutandis
Ici je veux un groin
Un jambon pour la cuisse
Et qu´il te pousse aux reins
Un curieux (...)
La carpe et les carpillons
Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l’épervier plus dangereux encor.
C’est ainsi que parlait une carpe de Seine
A de jeunes poissons qui l’écoutaient à peine.
C’était au mois d’avril : les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes.
Le fleuve, enflé par eux, s’élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! ah ! criaient les (...)
Le cancre Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le cœur Il dit oui à ce qu’il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du (...)
Le petit cordonnier
Un petit cordonnier qui voulait aller danser
Avait fabriqué de petits souliers
Une belle est entrée qui voulait les acheter
Mais le cordonnier lui a déclaré :
"Ils seront à vous sans qu’ils vous coûtent un sou
Mais il vous faudra danser avec moi" (bis)
Refrain
Petit cordonnier t’es bête, bête
Qu’est-ce que t’as donc dans la tête, tête ?
Crois-tu que mon cœur s’achète, chète
Avec une paire de souliers ?
Mais la belle accepta, elle emporta (...)
Le Loup et le Chien
Un Loup n’avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
" (...)
LE JARDIN EXTRAORDINAIRE
Paroles et Musique : Charles Trenet
C’est un jardin extraordinaire
Il y a des canards qui parlent anglais
Je leur donne du pain ils remuent leur derrière
En m’disant " Thank you very much Monsieur Trenet "
On y voit aussi des statues
Qui se tiennent tranquilles tout le jour dit-on
Mais moi je sais que dès la nuit venue
Elles s’en vont danser sur le gazon
Papa, c’est un jardin extraordinaire
Il y a des oiseaux qui tiennent un (...)
AUTOMNE
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon
Après d’ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l’encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers,des longs vols d’oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau. (...)
L’Albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! (...)
Le dormeur du val
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait (...)
La source tombait du rocher
La source tombait du rocher
Goutte à goutte à la mer affreuse.
L’Océan, fatal au nocher,
Lui dit : « Que me veux-tu, pleureuse ?
« Je suis la tempête et l’effroi ;
« Je finis où le ciel commence.
« Est-ce que j’ai besoin de toi,
« Petite, moi qui suis l’immense ? »
La source dit au gouffre amer :
« Je te donne, sans bruit ni gloire,
« Ce qui te manque, ô vaste mer !
« Une goutte d’eau qu’on peut boire. »
Victor HUGO / avril (...)
LA GRENOUILLE QUI SE VEUT FAIRE AUSSI GROSSE QUE LE BŒUF
Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? Dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
Nenni. M’y voici donc ? Point du tout. M’y voilà ?
Vous n’en approchez point. La chétive Pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne (...)
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Dernière mise à jour : vendredi 16 septembre 2016